mardi 22 mai 2018

Chronique film: Mother!


Hello tout le monde !
Ayant adoré Requiem for a dream et Black Swan, je voulais voir ce que leur réalisateur Darren Aronofski avait fait d’autre. Mother ! était sorti au ciné l’année dernière, je n’avais pas eu l’occasion d’aller le voir mais j’avais lu énormément de critiques de ce film, et il me semblait très intéressant ! On reconnaissait la patte Aronofski, et en même temps ce genre de film métaphorique était quelque chose d’assez nouveau que j’avais envie de découvrir.
J’en ai eu l’occasion dernièrement, mais il faut préciser que je l’ai vu en connaissant déjà l’histoire, de quoi il s’agissait : il n’y a donc pas tellement eu d’effet de surprise, mais ce n’est pas très important d’après moi, puisque je recherchais surtout quelles différentes interprétations on pouvait faire de ce film.

Comme vous avez pu le lire dans le résumé, l’histoire tourne autour d’un couple : lui est un écrivain en manque d’inspiration ayant tout perdu dans l’incendie de sa maison ; elle a rebattit toute la maison avec de gros travaux de rénovations qu’elle a entreprit toute seule avec brio, et elle tente de créer un petit cocon pour ce couple. Un autre couple vient s’installer chez eux, invités par l’homme : cette situation d’hébergement est censée être provisoire mais cela s’éternise, et la femme est très perturbée par cette intrusion, et par les événements qui en découlent.
Il y a vraiment dans ce film un climat anxiogène qui est produit déjà d’une part par le côté labyrinthique de cette immense maison, mais aussi d’autre part par la focalisation interne sur la femme : on la suit en gros plans rapprochés, toute l’histoire est de son point de vue, on ressent cette oppression et cette incompréhension ambiante, on est vraiment immergés dans son état d’esprit, dans sa totale perte de contrôle.
Je ne suis pas assez calée pour vous parler davantage du côté technique de Mother !, et ce qui m’intéressait davantage dans ce film, c’est son côté métaphorique, les différentes interprétations que l’on peut en avoir. De mon propre visionnage et de ce que j’ai pu lire au sujet de ce film, je peux lister 4 types d’interprétations (que je vais classer de la plus importante/évidente à la plus marginal, d’après moi) :

* L’Allégorie de la vie : Lawrence est représentée comme une sorte de Mère Nature, qui ne cesse de donner d’elle-même (dans la reconstruction d’un cocon, dans l’accueil d’étrangers) et qui voit ses fruits totalement gâchés, et son monde devenir hors de contrôle. Le Chaos qui prend place progressivement atteint d’ailleurs son paroxysme dans une scène apocalyptique où semblent représentés tous les maux de l’humanité.

* Un Symbole de la Religion : la symbolique religieuse est en effet très très présente d’après moi:
[ATTENTION SPOILER]
Le couple de base est constitué du Dieu Créateur et de la Déesse-mère Gaia ; Dieu fait entrer dans ce paradis Adam (blessé à la côte !) puis Eve ; Eve qui enfreint la seule interdiction de la maison ; arrivent leurs enfants Cain et Abel qui se querellent à mort ;  puis l’image du Déluge (où J. Lawrence hurle "They won't listen !" comme dans la Bible) ; et enfin le Fils de Dieu offert en pâture aux Hommes qui en font une Eucharistie…
[FIN DU SPOILER]
Je ne sais pas trop que dire de tous ces symboles, ils sont évidents mais je ne sais comment les interpréter…

* Une Peinture de la nature humaine : ce film met en scène notre psychologie paradoxale, où nous avons à la fois envie que l’autre s’épanouisse, et peur qu’il nous échappe. C’est également une représentation du fantasme de l’amour-autarcie (couple hors du monde VS réalité). Cette lecture cohérente mais semble trop plate, trop premier degré d’après moi.

* Une Métaphore de la création artistique : Nous pouvons interpréter le film ainsi si on se centre sur l’image de l’écrivain. Ce film décrit un cycle infini de souffrances qui mènent à la vie, un cycle de création par la destruction. On voit bien ici la démarche vampirique/cannibale du créateur, qui se nourrit de l’amour de cette femme, de son entourage (on sent le « cœur » de la maison qui s’assèche, etc), pour créer. Ce point de vue est intéressant mais reste pour moi marginal, et il ne nous dit de plus rien de bien nouveau : on rejoint une  vision très romantique de la création comme on la connait chez Alfred de Musset par exemple :
« Leurs déclamations sont comme des épées :
Elles tracent dans l’air un cercle éblouissant,
Mais il y pend toujours quelque goutte de sang. »

C’est pour moi vraiment les deux premières interprétations qui me semblent les plus intéressantes et les plus cohérentes, même si les deux autres tiennent la route. Et c’est ce qui est génial dans ce genre de film : chacun peut avoir une interprétation différente du moment qu’il a de quoi la justifier ! Mais c’est aussi d’après moi un des défauts de ce film : à vouloir rendre son intrigue si riche d’interprétation différentes, j’ai l’impression qu’Aronofski s’est un peu perdu dans tout ce feuilleté de signifiance (coucou Roland Barthes ;) ), et à vouloir parler de tout, finalement il ne parle de rien…

Je suis encore à la recherche de bonnes critiques de film capable de m’en dire plus sur ce film qui reste pour moi encore flou, je suis toute ouïe si vous en avez à me proposer ! :p


8/10
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